Skip to content

Téléphonez-nous au :

09 78 45 04 38

Ou envoyez-nous un message :

Revenir au blog

La Wild Code School s’engage et lance un fond de solidarité

Anna Stépanoff, CEO de la Wild Code School, nous raconte son parcours et son projet de fond de solidarité pour les étudiants Biélorusses.

La Wild Code School s’engage et lance un fond de solidarité

En 2001, à l'âge de 19 ans, j’ai quitté la Biélorussie, mon pays natal. J’ai eu la chance de bénéficier de bourses pour étudier dans certaines des meilleures universités du monde, à Harvard aux Etats-Unis, et à l’Ecole Normale Supérieure à Paris en France. Ces études m’ont ouvert de nombreuses portes et m’ont amenée à fonder en 2013 ma propre école, la Wild Code School, qui forme aux métiers tech et que je dirige depuis. 

Par mon histoire, je fais partie de ceux qui croient que l’éducation a le pouvoir de changer des vies. Je suis convaincue que la meilleure façon d’aider une personne en difficulté est de lui donner accès à une formation pertinente au bon moment. Ne dit-on pas “quand un homme a faim, mieux vaut lui apprendre à pêcher que de lui donner un poisson”?

En suivant de près le développement de la crise politique et économique grave que traverse aujourd’hui la Biélorussie, j’ai tout naturellement voulu aider comme on m’a aidé, en donnant accès à une formation de qualité, celle de la Wild Code School, à des Biélorusses en difficulté, à travers un programme de bourses de solidarité. 

Fin septembre 2020, j’ai lancé le premier appel à candidatures pour le recrutement de futurs Wilders biélorusses. Nous leur avons réservé 5 places dans le groupe anglophone de futurs développeurs qui démarrait le 12 octobre en distanciel. 

Sur plus de 200 candidatures reçues, nous avons réalisé en deux semaines une cinquantaine d’entretiens et avons choisi nos 5 premiers boursiers biélorusses. Répondant à tous nos critères habituels de sélection d’élèves, ils ont été exposés aux répressions ou ont perdu leur emploi du fait de la situation politique dans leur pays. 

 

Fonds de solidarité pour inscrire notre soutien dans la durée

Après le succès de cette première campagne de recrutement des boursiers biélorusses et leurs retours positifs, nous avons pris la décision d’élargir le programme de soutien et de l’inscrire dans la durée. La Wild Code School va lancer un fond de solidarité que nous créditerons de l’équivalent de 5% de notre chiffre d’affaire de l’année passée. Ces montants seront destinés à soutenir les personnes les plus fragiles et en difficulté à travers des campagnes de recrutement ciblées. 

La première campagne est déjà créée. Nous l’avons baptisé “Soutien aux Biélorusses”. Un appel aux candidatures permanent est lancé. Il s’arrêtera quand la situation politique changera en Biélorussie. 

En plus des 5 bourses déjà attribuées en octobre 2020, nous proposerons encore 15 nouvelles places dans 2 groupes de formation au métier de développeur front-end en format cours du soir à partir du 30 novembre 2020 :

  • 5 places dans un groupe anglophone avec d’autres élèves non boursiers venant d’autres pays.
  • 10 places dans un groupe russophone créé spécialement pour l’occasion et qui n’accueillera que des Biélorusses.

Tandis que le premier groupe s’inscrit dans les programmes que nous organisons habituellement à la Wild Code School et sera encadré par nos équipes salariées, le deuxième groupe russophone sera unique, car animé par un formateur et un campus manager bénévoles, tous les deux Biélorusses vivant actuellement en dehors du pays et désireux, de cette manière, de devenir aussi acteurs du changement.

En 2021, nous prévoyons d’offrir encore plus de places aux Biélorusses qui pourront rejoindre nos formations habituelles, en privilégiant les formations à distance et en anglais. D’autres campagnes pourront être créées plus tard pour aider d’autres catégories de personnes.

 

Nos premiers boursiers 

Les histoires de nos premiers boursiers reflètent les réalités de la vie en Biélorussie aujourd’hui. Yuri, Dzmitry, Yauheniya, Viktoriya et Valentin, 3 hommes et 2 femmes, habitent à Minsk, la capitale de la Biélorussie, et à Grodno, une capitale régionale. 

Yuri, 36 ans, travaillait dans une agence de voyage il y a encore quelques mois. Durement frappée par la crise de la Covid, son entreprise était déjà fortement fragilisée, les clients se sont fait rares et l’Etat biélorusse ne reconnaissant pas l'existence de l’épidémie n’a apporté aucune aide ni à l’entreprise elle-même, ni à ses salariés. Au contraire, suite à l’engagement politique actif et à l’emprisonnement d’un proche d’un des fondateurs de l’entreprise en septembre, les comptes bancaires de la société ont été gelés et ses salariés se sont retrouvés à la rue sans aucune rémunération.

Dzmitry, 23 ans, venait de terminer ses études à l’université d’Etat technique biélorusse en juin 2020. Après ses études, il a rejoint un atelier de fabrication d’ammoniac à l’usine “Grodno Azot” en tant qu’ouvrier, quand les protestations ont éclaté. Son usine s’est retrouvée à l’épicentre du mouvement de grève réclamant la libération des prisonniers politiques et l’organisation de nouvelles élections présidentielles honnêtes. Dzmitry a rejoint spontanément la grève et y a participé... pendant quelques jours avant d’être sanctionné par un licenciement avec obligation de rembourser le coût de ses études à l’université où il était boursier.

Yauhenia, 29 ans, est sans emploi. Après quelques années d’études supérieures en psychologie et deux longs voyages en Asie, notamment en Inde parce que sa grand-mère lui a transmis la passion pour le cinéma indien, elle vit à Minsk de petits jobs de freelance, ayant appris quelques rudiments d’informatique. Elle participe régulièrement aux manifestations dans les rues, mais reste prudente : “Je pars toujours avant la fin officielle des manifs. C’est comme ça que je ne me suis pas encore fait arrêtée”.

Viktoriya, 33 ans, enseignante en conception graphique sur ordinateur à l’université de Minsk était en congé maternité pendant l’éclatement des protestations. Pour étouffer la révolte, les enseignants et étudiants ayant manifesté un désaccord avec l’idéologie du régime subissent des répressions, plusieurs ont perdu leur emploi ou ont été exclus. Viktoriya ne souhaite plus revenir à la carrière d’enseignante universitaire tant que la fidélité au régime prime sur la qualité scientifique. Elle s’occupe donc de sa petite fille de 5 mois en parallèle de sa formation à la Wild Code School.

Valentin, 34 ans, a travaillé comme ingénieur vidéo à la principale chaîne publique de la télévision biélorusse jusqu’à mi-août. Brusquement, après son refus de couvrir les actualités d’une manière mensongère, il perd son emploi, comme plusieurs autres collègues journalistes. Inscrit sur la liste noire, comme la plupart des opposants, il n’a plus aucune chance de trouver un emploi dans son domaine de spécialité : toutes les chaînes de télévision en Biélorussie appartiennent à l’Etat. 

 

“Une chance à saisir à tout prix” 

Se lancer dans une formation à la Wild Code School a été une véritable aventure pour nos 5 premiers Wilders biélorusses. Ils ont découvert l’école 2 semaines avant le début de la session, nous ont fait confiance, se sont mobilisés pour passer les étapes de candidature. Outre les difficultés financières qu’ils peuvent rencontrer - certains ont une famille à nourrir, la plupart n’ont aucun revenu pendant la durée de la formation - c’est aussi un investissement de temps conséquent. Pour la plupart, c’est un véritable pari pour un futur meilleur.

La formation à la Wild Code School est connue pour son intensité. Un contexte d’insécurité politique et sociale permanente multiplie l’ampleur du défi que représente une telle formation. Mais ils tiennent bon ! 

Le plus dur pour le moment c’est l’anglais. Pour la plupart, c’est leur première expérience de formation 100% en anglais. Forcément, à la fin de la journée “la tête est lourde”. L’internet en Biélorussie peut aussi être défaillant par moments. Alors les élèves biélorusses éteignent leurs caméras lors des visioconférences pour alléger la bande passante. Heureusement, tous les cours sont aussi enregistrés et peuvent être revus si besoin. Et puis le manque de sommeil commence à se faire sentir. “Je n’ose pas vous demander, ça vous arrive de dormir ?” interroge l’un des élèves impressionnés par le travail accompli de ses camarades. 

Ils apprécient la formation et s’y donnent à fond. Malgré les difficultés, c’est une chance qu’ils veulent à tout prix saisir, “une magie” selon Yauheniya :

Je suis ravie de ce programme !

Tout d’abord, j’aimerais mentionner l’environnement dans lequel se déroule la formation. J’aime beaucoup au début de chaque journée le petit standup, ce rituel où nous partageons ce que nous avons fait la veille et ce que nous comptons faire aujourd’hui. Ça motive beaucoup et permet de réaliser ce que nous avons déjà appris. Pour moi, c’est très moteur et ça m’encourage à aller de l’avant !

Deuxièmement, j’apprécie que notre formateur nous apprenne à réfléchir. Ne pas demander n'importe quoi, mais vraiment chercher comment résoudre nos problèmes par nous-mêmes et ne pas avoir peur de se tromper. Il nous rappelle toujours que nous pouvons le solliciter à tout moment, mais avant de demander de l’aide nous devons nous poser et réfléchir. Et ne pas avoir peur de réaliser des idées folles ! Je pense que ça nous prépare au maximum aux vrais projets et aux situations réelles auxquelles nous serons confrontés prochainement. 

Et puis, j’adore notre équipe ! Nous sommes tous tellement différents, avec des passés et des niveaux de connaissance variés. C’est très intéressant d’écouter tellement d’avis et d’approches des problèmes. Ça m’élargit l’esprit. Et bien sûr, le fait de participer à cette formation en anglais est un grand plus pour moi !”   

 

Former de nouveaux talents contribue au changement

D’origine biélorusse et fondatrice d’une école qui forme aux métiers innovants, je crois que le changement en Biélorussie passera par les nouvelles technologies. La révolution se construit aujourd’hui dans l’espace numérique, la population biélorusse ayant préféré une approche pacifique. Les cyber-partisans biélorusses sont déjà à l’oeuvre pour attaquer virtuellement le régime. Un État alternatif numérique est en construction par l’opposition en exil. Plusieurs plateformes d’entraide sociale ont déjà vu le jour. Les informations se partagent sur les réseaux sociaux qui sont devenus de puissants vecteurs de communication. Il semblerait même qu’un système d’échange monétaire alternatif en crypto-monnaie soit en cours de construction.

Les compétences numériques sont au coeur de cette révolution. Nous sommes heureux à la Wild Code School de pouvoir y contribuer en formant de nouveaux talents qui pourront construire la nouvelle Biélorussie.  

Entreprises, confiez-nous vos besoins en recrutement

En savoir plus