Le secteur du numérique attire de plus en plus de profils issus de tous les horizons. Alors que la pénurie de talents reste d’actualité d’année en année, les entreprises se dirigent de plus en plus vers les profils en reconversion professionnelle. Retour sur ce phénomène dans notre Wild Talk dédié, en compagnie de Karine Favrou, DRH du groupe Leboncoin, Caroline Loisel, experte RH et Future of Work et Olivier Fécherolle, CEO de la Wild Code School.
Un million d’emplois étaient à pourvoir dans le numérique en 2022. Et 10% d’entre eux n’ont jamais été pourvus, soit 100 000 emplois. La pénurie de talents est bel et bien devenue une réalité pour les recruteurs, depuis quelques années. Pour y palier, ils sont de plus en plus nombreux à se tourner vers les profils en reconversion professionnelle.
“Nous avons constaté une véritable accélération des reconversions dans le numérique après le Covid. Nous recevons de plus en plus de candidatures de ce type, et cela fait plusieurs années que nous intégrons ces profils dans nos équipes. Nous avons créé les conditions de leur bonne intégration, et certains de nos managers et recruteurs sont maintenant eux-mêmes issus d’une reconversion”
Karine Favrou, DRH du groupe Leboncoin
Mais alors, pourquoi les entreprises se tournent de plus en plus vers les talents en reconversion professionnelle ? Quelle est la particularité de ces profils ?
Des profils atypiques pour des métiers en pleine évolution
On parle souvent des profils en reconversion professionnelle comme des "profils atypiques". Sous-entendu : le travailleur typique a une carrière linéaire dans un domaine pour lequel il a effectuée des études. Pourtant, le monde du travail lui-même est en constante évolution. Avant la fin de son cursus de cinq ans, une formation peut déjà se retrouver obsolète. “Être soi-même en changement dans un monde en plein bouleversement, c’est faire preuve d’adaptabilité, constate Caroline Loisel. Les jeunes ne se dirigent plus autant vers les études scientifiques et mathématiques. Résultat : dans 3 à 5 ans, nous allons connaître une nouvelle pénurie de talents dans la Tech. La reconversion professionnelle va donc jouer un rôle de plus en plus important dans l’avenir du numérique.”
C’est pourquoi les entreprises doivent se préparer dès aujourd’hui à leur nouvelle réalité. Non, la reconversion n’est plus un phénomène marginal. C’est même tout l’inverse. Elle devient un phénomène de société.
Il faut casser le mythe de la reconversion professionnelle systématiquement associée à un plan social. Car la reconversion, c’est surtout une manière de reprendre en main son destin. Et cela peut arriver à 50 ans, ou juste après les études supérieures. Ce n’est pas une histoire d’âge ou de plan social, c’est la preuve d’une grande résilience qui doit être valorisée sur le marché de l’emploi.”
Olivier Fécherolle, CEO de la Wild Code School
Et certaines entreprises ne s’y trompent pas. Elles chassent alors les profils en reconversion pour leurs nombreuses compétences transverses.
“Ces profils apportent de la créativité, car ils ont une certaine liberté dans leur manière de travailler. Ce sont généralement des gens qui n’ont pas peur de changer de métier et de s’adapter à un nouvel environnement de travail. Ils sont habitués à apprendre seuls et ils sont très flexibles. Si notre entreprise adopte une nouvelle technologie par exemple, ce seront toujours les premiers à l’apprendre”
Karine Favrou, DRH du groupe Leboncoin
La reconversion ouverte à toutes et tous
Alors que le numérique est confronté à un fort enjeu de parité dans ses rangs, la reconversion professionnelle apparaît comme une solution porteuse d’espoir. “La Tech a très rapidement été masculinisée par le marketing, que ce soit avec la Gameboy qui, comme vous le remarquerez, ne s’appelle pas la Gamegirl. Et ensuite les publicités d’Apple pour son premier Macintosh qui montre l’ordinateur dans le salon avec l’homme, et la femme dans la cuisine”, décrypte Caroline Loisel.
Si les habitudes changent progressivement, elles n’en demeurent pas moins tenaces.
“La reconversion professionnelle va dans le sens de la modernité. Et si les entreprises sont encore un peu frileuses, c’est parce qu’elles doivent sortir de leurs habitudes de recrutement. Ça prend du temps, mais elles commencent à prendre le pli. Aujourd’hui, on s’intéresse de plus aux candidats qu’à leurs études par exemple.”
Caroline Loisel, Experte RH et Future of Wok
Et Olivier Fécherolle d’abonder dans ce sens : “Dans la RSE, il y n’y a pas que l’environnement, il y a aussi la responsabilité sociale. La diversité est essentielle pour les entreprises. Et la reconversion peut y répondre. Elles doivent pour cela jouer le jeu dès l’annonce de recrutement pour un poste, qui doit être la plus juste et paritaire possible.”
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